DEPARDIEU, LE DEPART ET LA PART DE DIEU


De par Dieu il était écrit que Gérard deviendrait un immense acteur, un énôôôôôrme acteur ! C’est fait !

Il a endossé avec brio les rôles les plus emblématiques mais s’est aussi compromis dans les pires gauloiseries alimentaires qui lui ont particulièrement profité. Rien à objecter pourtant sur le versant professionnel du personnage puisqu’il a su faire preuve de générosité en acceptant, au minimum syndical, des rôles de looser tel celui qu’il incarne dans le superbe OVNI cinématographique intitulé « Mammuth ». Intéressé aux bénéfices, le film lui a rapporté gros, mais cela il ne pouvait pas le prévoir.

De part Dieu il s’est voué aux vignes du seigneur. Onc ne saurait lui reprocher sa générosité vinicole qu’il partagea avec le savoureux et regretté Jean Carmet, son « copain d’abord » façon Georges Brassens. Grand amateur du divin breuvage (prenez et buvez car ceci est mon sang : c’était du pinard !) il en a fait commerce et nul ne saurait l’en blâmer…
De par Dieu (ou de par le destin pour ceux qui répugnent à toute référence divine mais comme il ne s’appelle pas Giscard le destin ne coule pas de source), de part Dieu donc il eût un destin clément (tiens, le voilà le destin !) qui lui permit de rencontrer les grands de ce monde (expression toute faite et qui ne reflète aucune réalité qualitative). Fidèle ami de Castro, copain comme cochon de Poutine, pote du « De Funes tragique » (ex pantin à talonnettes de la cinquième - et je ne parle pas de la symphonie !) il connaît tous les kikis de la planète (pardon je voulais dire tout le « qui qui » !). Soit… Mais connaître tous les décideurs, les « arrivés politico-culturels et autres parvenus » ne signifie pas approuver en bloc, adhérer à toutes les malfaçons humaines, épouser tous les extrémismes, tolérer toutes les injustices.

Depardieu, à force de deux parts d’yeux braquées sur tous les rôles a perdu - me semble-t-il - la réelle notion du monde. Parce que trop « enrôlé » ne s’est-il pas quelque peu déshumanisé ?
L’affaire d’une éventuelle belgitude ou d’une russitude souhaitée de l’acteur pour cause d’impôts mal tolérés a provoqué l’affrontement violent de deux camps : ceux qui l’approuvaient ou tout au moins le comprenaient et l’excusaient, ceux qui le condamnaient d’autant plus violemment que certains se sentaient trahis.
Les « Pro-Depardieu » déploraient que la réussite personnelle soit pénalisée en Hollandie, que le nouveau régime fustige implacablement ces pauvres riches qui font tant pour leur pays (et beaucoup plus encore pour leurs comptes en banque). Est-ce la faute des nantis si une majorité d’humains semblent se complaire dans la pauvreté ?
Les Anti-Depardieu, eux, condamnaient le « tout pour ma gueule » exprimé par l’acteur qui pousse le professionnalisme jusqu’à illustrer physiquement ce trop plein de profit qui lui est reproché.
Quoique je n’approuve pas sa conduite je ne condamne pas l’homme que je pense généreux et victime même de sa générosité. L’extrême générosité parfois engendre une naïveté sans borne. Si Depardieu l’ignore, Dieu sait qu’il en faut de la naïveté pour admirer Castro, Poutine et autres imposteurs pour qui la politique ne constitue qu’un ascenseur pour l’échafaudage de leur gloire ou - plus prosaïquement - de leur fortune. Les débordements alcooliques - généreux eux aussi - du personnage, alimentés sans doute par le drame Guillaume qui le frappa en plein cœur peuvent expliquer les égarements de celui qui - je m’obstine à le croire - a le cœur aussi vaste que la panse. Le cerveau de l’artiste, lui, baigne en permanences dans des vapeurs éthérées et son entendement s’en ressent. L’acteur est à terre et j’en suis atterré. A quoi bon le blâmer ?

Alors ? Pourquoi disserter à vide puisque ma « démonstration » n’aboutit ni à un satisfecit ni à une condamnation ?
Si l’attitude de l’acteur généra une virulente polémique, c’est qu’elle ravive une des plus anciennes et des plus profondes blessures de l’humanité écartelée entre le « un pour tous, tous pour un » et le « chacun pour soi ». Laquelle de ces deux attitudes devrait définitivement adopter l’animal humain ? Il semble qu’à l’origine la question ne se posait pas : la nécessaire survie de l’Espèce imposait le « un pour tous, tous pour un ». Seule la solidarité sans faille des débuts a permis à l’Espèce de traverser les premiers millénaires.

Quelques centaines de millénaires plus tard, le Capitalisme, hyper-décomplexé depuis deux décennies et l’échec cuisant d’un communisme dénaturé et dévoyé, opte ouvertement pour le chacun pour soi. Un chacun pour soi radical cependant qui induit nécessairement d’écraser l’autre sans manifester le moindre état d’âme. Son chacun pour soi s’érige sur les ruines de tous les autres autre.
Désinhibés au-delà du possible tous les chacun pour soi de la planète ne cherchent plus qu’à s’engraisser sur la bête, prêts à flinguer à tout va leurs contemporains pour y parvenir. Aussi entend-on les clameurs, tant indécentes que courroucées, des pétés de tunes de France menacer de leur désertion.  

            «La fourmi n’est pas prêteuse ;
              C’est là son moindre défaut ».

Mais qu’ils partent ! Et qu’on remette à plat le système, qu’on le réorganise totalement sur des bases saines où la solidarité première pourrait à nouveau s’épanouir !

A force de capitalisme avide, de communisme foiré et de dictature des religions le monde n’est plus qu’un champ de ruines. Si des vieilles pierres émane un souffle poétique, rien de bon ne sourd des gravas résiduels de l’état d’esprit ambiant malsain majoritaire qui gangrène la civilisation déclinante. Alors oui, sabordons la finance ! Etripons les marchands d’armes une bonne fois et détruisons leur fond de commerce ! Remettons à leur place les religieux de tous poils : les curées dans les églises, les rabbins dans les synagogues, les imams dans les mosquées… Et surtout qu’ils n’en sortent pas ! Bien plus que d’improbables paradis dans l’au-delà le monde a besoin d’humanité ici bas. H-U-M-A-N-I-T-É ? Comprenez-vous ? Do you understand ? Verstehen Sie ? Rien à foutre d’une Europe économique solide si elle se fait au détriment des peuples et au seul profit de la finance !
Si nos plus lointains ancêtres revenaient, ils n’en reviendraient pas de l’état déplorable du monde !
Etait-ce la peine de se dresser sur ses pattes de derrière pour en arriver là !?
Je suis pleinement pour l’épanouissement et l’accomplissement personnel mais pas au détriment et au mépris de tous les autres autre.
Un pour tous, tous pour un ou chacun pour soi, choisis ton camp camarade !

Les esprits chagrins m’objecteront que mon billet d’humeur survole le problème, qu’il frôle la caricature lorsqu’il ne l’empoigne à bras le corps. A ceux là je réponds que j’assume ce coup de gueule en forme d’automédication instantanée et qu’au besoin je les emmerde !

JPM


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